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Diaboliques dans uu article du Figaro. De fait, le poète de Sagesse avait puisé dans l'œuvre du Chouan bas- normand ce catholicisme, à la fois naïf et raffiné, dont Baudelaire avait déjà fait sa pâture. Villiers de l'Isle- Adam est un héritier plus immédiat encore de Barbey. Son mysticisme symbohque est, tout entier, issu de l'orthodoxie passionnée du Prêtre Mai'ié.

Parmi les autres Parnassiens, non moins dénigrés que ceux-là par le farouche critique du ISaiii Jaune, Théodore de Banville, François Goppée, José-Maria de Heredia, Edmond Lepelletier devinrent dans la suite les amis de d'Aurevilly : mais ils ne sont point ses débiteurs intellectuels. Seul, un superbe chef d'école, majestueux et hautain, ne pardonna pas à son terrible adversaire : il s'appelait Leconte de Liste. Et cependant, — comme le remarque justement M. Edmond Haraucourt, — « ces deux hommes étaient, au fond, de même race », tous deux, « protestataires endurcis » et « bâtis sur orgueil » (1). Mais par cela même qu'ils avaient l'un et l'autre une personnalité ardente et « concentrique », ils ne purent ni s'entendre ni s'estimer. Il en fut de même, à un autre point de vue, de Gustave Flaubert, dont Barbey avait été le précurseur dans le culte du sol natal.

Surviennent la guerre et la Commune. D'Aurevilly se retire à Saint-Sauveur-le- Vicomte et à Valognes : il ne sort de son obscurité silencieuse que pour jeter à la face des austères du boulevard le scandaleux défi des Diabo- liques. Aussitôt, un petit groupe de « jeunes » l'entoure. Ce sont, principalement, MM. Jean Richepin, Paul Bourget et Léon Bloy. L'œuvre de Fauteur des Blas- jjhèrnes est. selon l'expression de M. Faguet, d'un « pur

(1) Lettre inédite de M. Ednioud Huraucouit (17 novemljie 1900,i.