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V Ensorcelée, de demeurer son héraut parfois trop encombrant, et de lui rendre aisée, au Nain Jaune, la publication des Quarante Médaillons de l'Académie.

Pour en finir avec cette époque, il ne faut pas oublier le groupe du Réœil où, en 1858, Barbe}^ d'Aurevill}' posséda une autorité indiscutée. Il dirigeait cette feuille en compagnie de Granier de Cassagnac ; mais il avait un pouvoir réel jusque sur la personne de son co-directeur. Il introduisit dans la maison Paulin Limayrac, Silvestre et le poète Amédée Pommier, un romantique impénitent, dont la grandiloquence enflammée et les éclats d'ex- pression rappelaient par plus d'un côté le romancier d' Une Vieille Maîtresse.

A partir de 18G0, d'Aurevilly est trop engagé dans la polémique quotidienne pour avoir le loisir de composer des œuvres, comme Une Vieille Maîtresse ou l'Ensorcelée, qui puissent exercer une influence quelconque sur les contemporains et répandre autour d'elles une séduction contagieuse. Ses amis le délaissent un peu ou se tiennent à distance de ce guerrier compromettant. Du reste, ce n'est pas par des livres tels que le Chevalier Des Touches ou le Prêtre Marié qu'il peut prétendre à réunir des disciples. Le premier roman est d'un Chouan de Basse-Normandie et ne saurait susciter beaucoup d'imitateurs parmi les « déracinés > de l'époque, journa- listes sans feu ni lieu, chroniqueurs sans patrie, écrivains sans attache au sol natal. Le second est une belle étude d'essence strictement catholique, qui, non seulement ne gagne point les suffrages de la presse, mais n'est même pas comprise des amis du Maître. Les hommages excep- tionnels que rendent aux mérites de l'un et de l'autre un Alcide Dusolier et un Jules Levallois n'ont rien de commun avec la louange d'un disciple. Ces esprits très