Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/296

Cette page n’a pas encore été corrigée

292

Entre toiups, la sœur tic Maurice de ClucM'in. la char- maiile Eugénie, vient a Paris à l'occasion du mariage de son frère. Brusquement, elle s'empare de l'imagina- tion de Jules Barbey, ainsi que le relate eehii-ci dans son Mcmorandiun du 8 oet(tbre lS:i8. Mais de son côté rensorcelanl d'Aurevilly lait la conquête sentimentale et intelleiiuelle de « cette pitMise et nol)le fille », comme il la nomme. « C'est un beau palais dans lequel il y a un labyrinthe // prononce sentencieusement la passionnée vierge de trente-trois ans ; et le mot flatte infiniment l'amour-propre de l'ami de Maurice. Sur l'heure, les relations entre ces deu.x; êtres d'élite s'en tiennent là ; seulement, après la mort de Guérin, l'infortunée colombe du Cayla, plus inconsolable qu'une veuve, confia ses chagrins et son éternelle douleur au romancier de V Amour ImjMssiblc. Eut-elle tort? eut-elle raison? je ne sais. Toujours est-il que nous devons aux confidences de la vieille fille éplorée et à la réconfortante amitié de son correspondant un journal superbe d'intimité loyale et chaste qui est le plus pur diamant peut-être de l'écrin d'Eugénie. Il n'y est question que du grand frère défunt et des tristesses d'une solitude endeuillée : mais on sent que la pensée du Parisien vivant et bien vivant n'est pas étrangère aux préoccupations de la belle àme sensible qui a soif de dévouements ignorés et que, d'un généreux élan spontané, elle a réservé, — cette sainte rêveuse émue et reconnaissante de souvenirs inoubliables, — une large part de son esprit inquiet et simple et de son cœur attectueux au jeune écrivain égaré dans les épais brouillards du romantisme.

Ce fut également en l<S:iS que Barbey d'Aurevilly rencontra le brillant et gai Roger de Beauvoir, déjà célèbre à cette époque. Plus âgé de deux ans que l'auteur