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ceiil de Tapathie. Nous avons, à cet ôganl, le Icinoignage précis ol fonnol do railleur du CcutaiD-c, ou dos lollros adinirablos quo son ami le conlniignait, pour ainsi parler, à écrire; et ce témoignage est infiniment plus concluant que celui de Sainte-Beuve.

Mais là ne s'arrêta point riufluence de Barbey d'Aure- villy. Si elle s'était bornée an rôle d'excitant, de stimu- lant, elle ne serait que secondaire. Or, il est permis de croire qu'elle s'exer(;a bien plus directement. Rappelons- nous quo les deux amis s'étaient connus, adolescents, sur les bancs du collège Stanislas et que dés cette époque lointaine ils se recherchaient, se comprenaient, s'eni- vraient des mêmes sensations. En 1828 et 1829, ils s'échauffent mutuellement, — jeunes rhétoriciens indis- ciplinés et jeunes philosophes sans maître, — d'un enthousiasme égal pour les belles formes et les pures idées. A la fin de 1829, ils s'en vont chacun de son côté, la mort dans l'àme. Seulement, ils se retrouvent en 1833, et Jules Barbey captive l'esprit de Guérin avec sa Léa. Puis, ce sont les éternelles rêveries d'antaa qui recom- mencent à bercer l'imagination bicéphale de nos « intel- lectuels » à outrance : de là naît le poème en prose A'Amaïclée, que Guérin eût pu écrire sans doute aussi bien et même mieux que son aîné, mais où il n'eût pas mis certainement tant de clameurs passionnées. L'œuvre aurait été calme en apparence, quoique sortie toute vive d'une âme agitée ; elle n'eût pas retenti, vibrante et chaude, de ces cris déchirants qui hurlent comme la bête sauvage dans le désert. La passion : voilà, en définitive, ce que d'Aurevilly a appris à Guérin et ce qu'il la forcé à exprimer dans ses créations, — non pas la passion contenue, sourde et immanente, vers laquelle inclinait la nature dolente et affaissée de l'enfant du Cayla, — mais