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don de la vie, qui n'est pas loul, mais qui vaut mieux que tout, et dont nous ne savons rien, sinon — qu'elle est !... Pour ce qu'il a fait, je l'aime, ce jeune homme, et j'en auiiure bien » (1). 11 est certain que la manière de Becque se rapprochait davantage de l'esthétique de Barbey d'Aurevilly que le genre académique d'Augier et de Dumas.

Si les Maîtres de la scène contemporaine n'ont pas trouvé grâce auprès du critique normand, on pense bien que sa main vigoureuse n'épargne guère les personnages de second plan. M. Sardou, par exemple, n'est, pour lui, « qu'un mélodramaturge mêlé de vaudevilliste, qui panache le vaudeville avec le mélodrame et pomponne le mélodrame avec le vaudeville » ; il y apporte une « grande adresse »: c'est « un tisserand, un remueur de navette dramatique » (2). Naturellement, d'Aurevilly préférerait '< quelque maladroit de génie » (3). Edouard Pailleron, « genre de Buloz » — (le proscrit de la Revue des Deux-Mondes ne saurait oublier ce titre) — n'est qu' « un Feuillet d'un vélin peut-être moins satiné que celui qui plaisait tant, littérairement, à l'impératrice Eugénie » (4). Barbey d'Aurevilly serait disposé à plus d'indulgence à l'égard de Meilhac et d'Halévy qu'envers les précédents pontifes du théâtre, si les auteurs jumeaux de la Belle-Hélène ne gaspillaient tant de talent et d'esprit en des genres inférieurs qui sont indignes d'eux.

En somme, — pas plus que la philosophie, l'histoire et le roman, — le théâtre contemporain ne satisfait l'aris-

(i) Théâtre contemporain, tome IV, p. 2 et 3;

(2) Ibid., t. I, |i. o6 et siiiv.

(3) Ibid.. t. I, p. lO.

(4) Ibid., t. IV, p. 351.