Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/281

Cette page n’a pas encore été corrigée

— 277 —

actuelle. — disait d'Aurevilly le 10 jauvier 1!^70, en rendant compte des Le/z'rc'.v de mon moulin, — qui ait le genre de plume (arrachée d'où ?...) avec laquelle furent, un jour, écrits les Amoureuses et le Petit Chose... 11 n'y a pas moyen de nier l'accent de nature qui est là ! Il n'y a pas moyen de ne point entendre cette vibration, ce coup de gorge de l'oiseau bleu, à la poitrine sanglante, qui, en passant, jette là son cri, et auquel personne parmi ceux qui ont le talent plus large que M. Daudet, plus étotfé, plus robuste, plus tout ce que vous voudrez, n'est capable, en l'imitant, de faire écho. Et c'est là Torigi- nalité ! » Et plus loin le critique ajoute : « C'est la profondeur, — non pas dans les détails, entendons-nous bien, — mais dans \ accent, c'est la profondeur d'im- pression qui me frappe surtout dans ces lettres, écrites d'un moulin, ces lettres d'une fantaisie qui tourne, tourne comme ses ailes, — c'est cette profondeur d'impression qui me frappe plus que tout. Ce ne sont pas les paysages éclatants, ce ne sont pas les sensations joyeuses et poétiques de toute cette nature de Provence, peinte dans sa lumière, avec de la lumière ; ce ne sont même pas les deux ou trois contes gais qui rient dans cet azur, comme le Curé de 'Cucugnan et VElixir du Père Gaucher. Non, ce n'est pas toutes ces gaîtés de l'œil, de l'oreille, de l'esprit et du style, mais c'est l'impression profonde qui sort de tous ces autres contes si tristes au fond : la Cervelle (VOr, qu'on dirait de Heine ; les Deux Auberges, qu'on ne dirait de personne que d'un homme qui sait l'horreur de l'abandon ; la Sémillante, ce récit poignant et sombre; Vile des Sanguinaires, enfin, le plus original de tous ces contes, non pas le plus terrible, — car ce gracieux Daudet se permet le terrible, comme vous venez de le voir, — Vile des Sanguinaires où se trouve