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A Vietoi- IIui;(> romancier, Barbey d'Aurevilly préfère Steiulhal, — v. SUmuIIkiI. celte crapule de t>énie » (1| dit-il quelque i>arl. El, dans uii(> lettre à 'rrel)utien, daliM' du •Jl juin ISTC), il écrit : « Co dial)olique Stendhal (>st ma dépravation intellectuello ; c'est un peu nui VcUiui. Je l'ai toujours aimé, ce brigand-là, ce qui ne m'a pas empêché de lui dire qu'il est un brigand digne de toutes les cordes de la critique et de leurs meuds ». En son premier volume des Roniancio's, d'Aurevilly a magis- tralement jugé lauleurde la Churlreusc de J'arme, en qui il admire nno rare intensité de force, une vigoureuse peinture de l'àme, un goût passionné pour l'action (2). Il aime mieux le Waterloo de Stendhal que celui de Hugo dans les Misérables. C'est prouver une fois de plus qu'il ne se laisse pas séduire avant tout par les dons de l'artiste et qu'il met au-dessus des virtuosités du style l'inspiration de la pensée et la pénétration du jugement.

Voilà pour quelle raison il est si sévère à l'égard de George Sand. Une femme ne saurait prétendre, d'après lui, à l'éclatante supériorité de la pensée. Si elle ne se contente pas d'être femme dans cequ'elle écrit, —quand par malheur elle tient une plume, — elle passe au rang des Bas-l)leus.« L'opinion, — dit Barbey d'Aurevilly, — n'a certainement jamais grisé personne comme elle a grisé M'i-'^Sand... Son succès obtenu, soutenu et maintenu trente ans, est un vrai phénomène! Dès son début, elle fit fusée, monta à. une hauteur énorme, y éclata, s'y épanouit! Pas une seule résistance, un seul obstacle, une seule chicane ! Page curieuse de l'histoire littéraire à écrire: elle tourna la tête à tout le monde, celte fenmie,

(1) Journalistes et Polé77iisles (éd. Lcmerre), ji. 1"J8. (2; Les Romanciers (éd. Amyot, 1865).