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manière, mais enfin il l'est, de l'avis même de ceux qui l'estiment. » (1) Joseph Autran, lui, ne semble à d'Aure- villy qu'un « petit porteur de briquet, qui rime des histo- riettes militaires, ornées d'agricultu!'o.//(2) Louis Bouilhet, c'est l'écho peu sonore de Musset, de Victor Hugo et de Théophile Gautier. Heureusement, avec Joséphin Sou- lary et Frédéric Mistral, l'on rentre dans la catégorie des poètes qui ont une âme, une personnaUté, une ori- ginalité si minime qu'elle soit.

Mais tous ces noms paUssent, aux yeux de Barbey d'Aurevilly, à côté du grand et méconnu romantique, Amédée Pommier, le poète de V Enfer, — du « brave homme de génie » qui s'appelle M'"^ Ackermann, et sur- tout du « grand mauvais sujet » qui fut Charles Baude- laire. « Le poète, terrible et terrifié, — dit le critique en parlant des Fleurs diiMal,^-à voulu nous faire respirer l'abomination de cette épouvantable corbeille qu'il porte, pâle canéphore, sur sa tête, hérissée d'horreur. C'est là réellement un grand spectacle! Depuis le coupable cousu dans un sac qui déferlait sous les ponts humides et noirs du Moyen-Age, en criant qu'il fallait laisser passer une justice, on n'a rien vu de plus tragique que la tristesse de cette poésie coupable qui porte le faix de ses vices sur son front livide. » (3).

(!) Les l'oèles (Amjot, éditeiif, 1862), p. 277, 278, 279. — Le l'uijs, 11 janvier 1859.

(2) Ibid., p. 278.

(3) Les Poêles (éd. Amyot, 1862), p. 374.— Je ne parle pas, ici, des poètes plus récents que d'Aurevilly admira et ût connaître : M.M. Jean Richepin, Paul Bourget, Maurice Rollinat. Il reçut aussi une profonde impression des poésies de Henri-Charles Read et déposa sur la tombe du malheureux jeune homme, enlevé à l'àge de dix-neuf ans, une « fleur de souvenir », en dédiant à sa mémoire le second volume des l'oèles. C'était