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tiqueineut le genre de génie de Victor Hugo... C'est un disproportionné s'il en fut oncques. Il a l'ossature gigaa- tesquo, mais les mouvements d'un géant sont le plus souvent maladroits, disgracieux, heurtés; ils cassent, trouent et enfoncent tout, même eux-mcmes. Personne plus que Hugo ne se cogne aux mots. Quand il est poète, car il Test fréquemment (qui le nie ?) il l'est comme le Titan est encore Titan sous sa montagne. On sent qu'il est Titan à la manière dont il la remue quand il se retourne, à la manière dont il la soulève quand il se cambre sous elle ! Seulement, la montagne et les mots pèsent, et le poète et le Titan sont pris... Victor Hugo n'est, certes ! pas, — comme le lui disent les terrassiers de son génie, les travailleurs au chemin de fer de sa gloire et de son immortalité, — le plus grand poète du XIX" siècle et de la planète ; mais c'est un grand poète, après tout ! Il fut du triumvirat qui a donné les trois plus grands de l'époque, mais il n'en est l'Auguste que parce qu'il est celui qui a vécu le plus longtemps. C'est un poète génialement bon, quand il est bon, mais génia- lement mauvais aussi, quand il est mauvais, et le malheur est qu'il est souvent plus mauvais que bon. On l'aime tout àlafois et on le déteste. On voudrait toujours l'aimer» (1). Barbey d'Aurevilly le trouve « génialement bon » dans l'épopée de la Légende des siècles et « génialement mauvais » dans le lyrisme des Contemplations.

Après ces grands noms de la' poésie contemporaine, voici venir les dii minores : Auguste Barbier, Sainte- Beuve, Brizeux, Théophile Gautier, Leconte de Liste, Théodore de Banville, Joséphin Soulary, Joseph Autran,

(1) Les Poètes, 2' série féd. Lemerrc', p. 74, 77, 78, 79 et 80, — Cons- tiliilionnel, 12 mars 1877,