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tapuîTOiirs, c'est pi>iir mieux nionlrer «in'il ne relève de (lui (juo ee soil, qu'il est ;i])S()luineul inclrpendaiit. De là. sa g-uerre conlre les colerios el les associalious. f Moi. — êerit-il eu IS'^O dans un arlicl(Mlu ('oiislihdioinu'l sur les Mémoires iuedils d(^ Saiul-Siuion, — moi (pii méprise les idées collectives el toutes les espèces de rassemble- ments, ceux des Instituts connue ceux de la rue... » N'est-ce pas le suprême degré do l'individualisme? Aussi d'Aurevilly est-il un solitaire dans les Lettres contempo- raines. 11 ne juge pas de sang-froid les œuvres d'autrui, mais il a des inluilioiis parfois merveilleuses el presque géniales. 11 voit, il entend, il goûte, il savoure connue pas un. C'est un sensilif consommé, un sensuel, tin g'ourmet ; ses sens ont une intensité el une finesse rares. II jouit de jouissances profondes et exècre de haines violentes. 11 aime fougueusement ou il déteste ardem- ment; jamais il n'est inditférenl ou insensible; en loul état de cause, il veut être consciencieux.

L'idéal est très élevé, trop élevé sans doute pour la foule et dès lors inaccessible à la plupart des écrivains. Combien peu y atteignent ou même essayent de s'y haiisser! C'est qu'il est extrêmement périlleux, dans une société centralisée à l'excès, de se poser en « intransi- geant ». de crier très haut, comme si une seule voix au monde avait le droit de se faire entendre, et enfin de transformer le champ clos de la litlcralure en im vaste champde batailleoù sans répit ni merci coule le sang! On comprend que le premier venu ne peut se hasarder à réaliser pareil programme 11 fallait un " croise» •• <!•< anciens temps pour faire cette tentative.

Je ne veux point dire, d'ailleurs, que Barbey d Aure- villy n'ait jamais adouci le caractère hautain et tranchant de son « individualisme*. Les nécessités de la vie l'y