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voirs qui ont le vice de trop durer, dans ce vertueux pays de rinstabilité éternelle ! 11 n'y a pas de Figaro présentement contre les Figaros qui ont réussi, dans ce pays où les Crispins sont devenus les rivaux heureux de leurs maîtres. Il y en aura un jour, gardez-vous d'en douter! Mais l'heure n'en est pas venue encore. Aussi les Figaros triomphants et se prélassant dans leurs loges n'ont pas pris grand goût aux plaisanteries de ce valet du diable ! » (2). Ne sent-on pas ici l'infinie tris- tesse, à peine résignée, de la vieille aristocratie défunte qui n'a plus rien à attendre de l'avenir ?

De la scène dramatique au théâtre plus émouvant du forum et de la rue, il n'y a pas loin, il n'y a qu'un pas. Nos révolutions se sont ruées, en pleine fièvre, des loges et parterres de la comédie ou du drame dans la vie réelle, et parfois sanglante, d'une société mori- bonde.

Surgit Mirabeau. Barbey d'Aurevilly le juge sévère- ment : il lui préfère sans conteste son père, le marquis de Mirabeau, <^ dit moqueusement VAnti des Hommes dans un siècle moqueur », — et son oncle le bailli. « Le père et l'oncle de Mirabeau. — écrit-il, — étaient véri- tablement Cornéliens en parlant intimement de leur fils et de leur neveu, et lui, malgré l'emphase de sa gloire, qui ressemble à celle de son génie, diminuait au lieu de grandir sous leurs terribles plumes , et tout colosse qu'il fut, il devenait moins statue et plus homme entre ces deux cariatides de son sang au milieu desquelles on le verra toujours désormais, et qui donnent de la race dont il était sorti une idée plus haute et meilleure que sa gloire. Certes ! ses

(1) Tkédtre contemporain, tome IV, p. 102 et 103.