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qui récouto. On n'a plus le sens de Marivaux. Seulement, couiMie ils ii'oul pas peur des morls dans cette maison d'ensevelisseuse du Théàtre-Fiancais. ils ont tracassé dans cette pièce morte, d'un adorable génie qui n'est plus et que rien ne peut l'aire revivre. Marivaux, qui vient après Molière, dans Tordre du temps, est pour ceux qui le lisent incomparablement i)lus vieux que Molière, toujours jeune, lui, de rèternelle nature hu- maine, dans ses oeuvres .. Marivaux n*a point cette durée. Il a passé comme la société de son temps, qu'il a réfléchie dans ce qu'elle eut de plus charmant et de plus éphémère : Son genre de génie, le plus subtil parfum de ce siècle à parfums, — le XVIII^ siècle, — et qu'il fit respirer dans les jolis flacons, taillés à facettes, de ses comédies, est à présent évaporé. Ils ont vainement secoué, hier soir, avec leurs grosses pattes, au Théâtre Français, un de ces légers et petits chefs-d'œuvre de flacons qui ont donné l'ivresse d'un moment ;i nos pères, et nous n'avons rien senti du tout ! » (1).

Avec Beaumarchais, la décadence se précipite vers son terme inéluctable. '< La Comédie du Mariinir de Fujaro, — écrit d'Aurevilly le '1\ novembre 1S71>, — avant d'être, dans raction, une comédie (ïi)itt'i(jiie, est, dans sa conception et dans sa portée, une comédie poli- tique. Beaumarchais est un Aristophane, - un Aristo- phane sans l'aristocratie qui distinguait Aristophane, lequel ne voulait pas, lui , détruire le gouvernement d'Athènes, mais le conserver... La politique a fait vivre longtemps la pièce de Beaumarchais de sa vie intense. Mais Figaro a triomphé, et son triomphe est trop récent encore pour qu'on puisse le traiter comme tous les pou-

1 Théâtre conleviporaiii, toini' IV. p. 277 rt J7S.