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Après Rivarol, c'est la Révolution qui triomphe. Cette Révolution, préparée par les inconscientes sottises et les fautes inouïes d'une aristocratie dégénérée plus en- core que par les souterraines manœuvres des Encyclo- pédistes, a été une des grandes préoccupations et comme la hantise de Barbey d'Aurevilly. Il y voit un châtiment providentiel. Dans le gouffre où va s'anéantir l'ancienne société d'une France qui fut puissante, sombre, avec les institutions monarchiques , la littérature classique du siècle de Louis XIV.
Le critique impitoyable des Œucrcs et les Iknnmes a noté d'une main vigoureuse, — inaccessible à l'indul- gence, — les signes avant-coureurs du plus prodigieux bouleversement des âges modernes. La décadence a commencé, pour lui, dès la fin du XVIP siècle, avec Bayle et Fontenelle ; elle s'est affirmée, dans la suite, avec Le Sage, Saint-Simon, Montesquieu, Condillac et Marmontel ; et les Voltaire, les Diderot et les Rousseau ont parachevé l'œuvre de destruction littéraire, politique et sociale. La vieille France a jeté ses clameurs su- prêmes d'agonisante, au théâtre, par la bouche de Mari- vaux et de Beaumarchais.
Marivaux fut l'amuseur d'une société qui décline. « J'ai assisté hier soir, — écrivait d'Aurevilly le 7 mars 1.S81, — à une représentation de spectres, et c'est le théâtre de la Comédie Française qui m'a donné ce spec- tacle fantasmagorique et funèbre ! On y jouait les Fausses Confidences de Marivaux, qu'ils s'obstinent à jouer au Théâtre-Français, avec l'entêtement de la Tra- dition, cette vieille mule aveugle qui veut toujours passer par où elle a passé déjà. Ils ont recommencé de jouer cette délicieuse pièce, quoique maintenant elle ne soit guère plus compréhensible à qui l'interprète qu'à