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Louis XIV. a l'ôuard do lîai-boy (i"Aiiro\ illy? Ne» l'a-t-il pas laissé «à l'aiiticliainhre» — pis oncoro : à la porte, — et n'a-t-il i)()iiil paru it>'iiorer jusqu'à sou existence? Seulement, irAunnilly no s'est pas veng-é a la manière de Saint-Simon : il a t^ardé le silence jusque dans la disgrâce. C'est pourquoi il a le droit de repi'ocher au duc « cet art des inductions et des interprétations qu'il possédait mieux que personne, et qui le rendent un historien si séduisant, si éblonissanl c[ si dangereux //. (1) Puis il ajoute : « Il n'y a que cela, en ettet, — un ressen- timent sans issue. — qui pouvait troubler à ce point misérable le sens du duc de Saint-Simon sur Louis XIV. Ni ses velléités féodales, ni ses colères de frondeur rétrospectif, ni ce tempérament d'Alceste qui donne si souvent à Saint-Simon l'air du Misanthrope, mais d'un misanthrope bien autrement colossal que celui de Molière, n'étaient capables de si profondément altérer des facultés qui, après tout, aimaient la grandeuret qui étaient faites pour l'histoire. Dans le secret de cette royale intelligence qui, comme celle de Newton, jiensa toujours à la uu'ine chose, et c'était la gloire et le bien-ôlre de son Etat, Louis XIV avait pesé Saint-Simon et il avait trouvé qu'il pesait peu. L'org-ueil souffrant de celui-ci, de cet esprit qui sentait sa puissance, mais qui, comme tant d'esprits, .se méprenait sur elle, a cherché à voiler cette blessure, mais il l'avait au fond du cœur et elle saigne partout dans ses Mémoires ». (2)

Où donc Barbey d'Aurevilly trouvera-t-il l'iiléal de l'historien au XVIII siècle? Ce n'est pourtant pas chez le froid Montesquieu et le remuant Voltaire. Aussi

(1) Mémoires hisinrirjues et litléraires (Lt'iiirrrr, IS'.CS , p. 10.

(2) Ibid., p. 10 et 11.