Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/236

Cette page n’a pas encore été corrigée

— z^> -

trop calmes catholiques, pour rcudiablc Rabelais coulro les tempérants Desportes et Bertaut. Ah ! s'il avait connu Cyrano de Bergerac ! de quelle passion ne l'eût-il pas aimé? Mais il a pris, du moins, sa rovaucho sur les assagis du XVlh' siècle, en chantant la gloire de Saint- Evremond, son compatriote, — qui fut bien aussi, à sa manière, un Cyrano de Basse-Normandie.

« Savez-vous, — mandait-il à Trcbutien le il mai 1(S4G, -■ ce que c'est que M. de Saint-Evremond ?... L'esprit le plus harmonieux et le plus fort, le plus grand moraliste, le plus grand historien, le plus grand politique, la tête la plus complète qui ait jamais existé. Je suis etiVayé de cette hauteur à pic de supériorité intellectuelle. Homme d'Etat qui pesa la politique de Mazarin et ne trouva point qu'elle pesât gros, Sybarite comme Sardanapale, de niveau avec toutes les existences par la multitude et la variété de ses facultés, il paya sa sagacité politique par le malheur de toute sa vie. Entre les bras de Ninon et les pieds d'Hortense Mancini, il écrivit les plus belles pages qui aient illustré la langue française dans ce qu'elle a de plus impérissable et d'immortel. Ces pages sont maintenant oubliées. Bêtise et ingratitude de la gloire ! Du cadavre de son génie sont sortis deux vers énormes qui l'ont dévoré. Ce sont Voltaire et Montesquieu ». Voilà, à coup sûr, un chaud plaidoyer de réhabilitation ; et si les mânes de Saint-Evremond, ù l'appel et sur les invocations prestigieuses de Barbey d'Aurevilly, n'ont pas tressailli d'allégresse dans la nuit de l'au-delà, si l'âme épicurienne de l'auteur de la Comédie des Acadéinistes ne s'est pas réveillée du sommeil de lu tombe, en une éclatante résurrection, aux lyriques accents du pamphlétaire des Quro-iuife M(d(iillo)i.s de /Wcadé- mic, si le fantôme errant de l'exilé du Cotentin, réfugié