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ils s'embrassent. (îliai-in;mlo oouluiiio, qtio pour le callio- licisme je regrette... Kh Ii'kmi. nous qui aimons la poésie, c'est ce que nous avons pu nous {\'nv. avec la même joie, en nous embrassant, du grand poète que je n'hésite pas à !U)mmer littérairement notre Seigneur à tous, — le Seigneur do la poésie du XIX siècle... 11 avail dé mis à mort, ce grand poète, par un grammairi<Mi. Hévolte democi'atique déjà! La plantureuse^ langiio poeli<iue, que parle Ronsard, avait, à son aurore, été frappées par la grammaire, — la grammaire sèche, polie, aiguisée comme une hache. Malherbe, que d'aucuns ont appelé Richelieu, mais que, moi, j'appelle Robespierre, avait tué Ronsard. Il lui avait très proprement coupé la tête. Mais la tète coupée a l'ait mieux que de marcher, comme saint Denis avec la sienne ; elle a rendu le coup et tille a tranché celle de son bourreau. En définitive, c'est Ronsard qui, après son trépas, est sorti de sa tombe pour enterrer Malherbe, et qui la enterré... Ronsard, le gentilhomme vendômois, était un Hongrois d'origine. C'est un descendant d'Attila, et il s'est rencontré que nous lui avons fait une résurrection comme on faisait à ses aïeux des funérailles. Chez les Hongrois et chez leurs ancêtres les Huns, on avait poui-coiitumc d'égorger les esclaves ennemis sur les tombes entrouvertes... Sur la tombe vidée de Ronsard, montant tout à coup dans l'assomption de sa gloire, nous ne nous sommes pas contentés de Malherbe, nous avons égorgé Boileau... Avant Ronsard, il y avait bien eu, ici et là, dans ce qu'on n'oserait appeler une littérature, quelques vagis- sements, quelques gracieuses balbuties de poètes au berceau, quelques rêveuses pubertés. Mais il n'y avait pas eu réellement de vie poétique organisée ; mais d'homme complet dans sa force et dans su majesté de