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tion -que pour son sujet : il veut " rorporisor lo rèvo qui nous hante toujours et jamais ne s'achève. » 11 est séduit par <^ rAiuli'ogyne céleste /^, « avec son corps divin », coiuDU^ il Ta ele par son Aiiidiilrc, par sa licriii(tini\ par sa Vieillr Mailrcsse, par son EnsorccU'e, par son Des. Touches, par son Prèfre Mcu-iâ , par ses Diabo- liques, par ses Prophètes du Passé. Il l'est, — car il ainio les contrastes et rantithèse le ravit, — par tout ce qu'il y a de troublant dans une idolâtrie inexpliquée et presque inconsciente. Bref, il est lo « possédé >/ de ses rêves, de ses images, de ses idées. 11 vit d'une vie supé- rieure et idéale.

La vie, en définitive, voilà ce qu'il veut mettre dans son œuvre et ce qu'il cherche dans les œuvres d'autrui. La vie, c'est la beauté. Une œuvre vivante est belle, quelle qu'en soit l'exécution. « Ce n'est pas un livre écrit, c'est un livre pleuré », dit-il du Journal d'Eugénie de Guérin ; et. aux regards de Barbey d'Aurevilly, cet hommage est l'hommage suprême, le ûécmî criie)'iitm du beau. « Le talent, — déclare-t-il d'autre part, — c'est un tas de coups reçus dans le cœur » (1). Et, sous une forme assez bizarre dont il n'a cure, cette pensée du romancier normand définit toute son esthétique. Plus la vie est intense, plus grande est la beauté. Plus le cœur l)al et se dilate, plus l'œuvre qu'il crée est superbe et rayonnante. Le génie, c'est la vie de l'àme à son degré le plus haut, c'est la vie totale des facultés humaines élargies à tout rompre, amplifiées jusqu'au « miracle » et presque divinisées.

On voit do quelle empreinte personnelle Barbey d'Au- revilly a marqiié une esthétique qui ne lui :ipp;irtiont pas

(1) Polémiques d'hier, \>. iil (Savim-, éditeur, 188!);.