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C.o iTosl pumlanl i|irim clol)ul Lrii osl uni» n'iivi-i» il'oxlrèino joiinesse. On ii"y iumiI liccoiix lii- les (pKilitr's saillaiilos do récrivain. 11 faut un travail supérieur à eelui-là pour justitier les prétentions do l'anei»'!» élève du collogo Stanislas et pour que so dégage, du milieu des brunies de la vingtième année, une porsonnalilé encore incertaine.

Jules Barbey soullVe d'indicibles douleurs dans sa sensibilité exaspérée, son imagination trop ardente et son cteur assoille de désirs. La poési(\ — une poésie très originale et d'une individualité outrée, — vu servir d'exuloire à ses instincts de révolte longtemps contenus. Alors il chante les tristesses de l'isolement, il dit en accents navres l'amère volupté des larmes pleurées dans le silence do l'àme, il clame épcrdùmcnt ses angoisses. Il voudrait à la fin, tant il est malheureux, sortir de lui-même, échapper à son pauvre « moi » qui le harcèle sans répit, anéantir jusqu'au spectre de son être. Mais il ne le peut. En cherchant à s'éviter et à se fuir, il se retrouve toujours. Et il écrit sa Ocnnaine, <>■ ptuir s'apaiser >/, dit-il,— en réalité, pour aiguiser ses propres souffrances on il se comptait malgré lui. Il n'entend pas être « littériiteur », homme de lettres, artiste au sens exclusif du mot. Il l'est par dépit, faute d'être en état do se soulager autrement du poids de la vie. Ses maladies morales, voilà tout son tident. Aussi a-t-il raison d'appeler ses poésies, son «euvre entière, « des gouttelettes do sang ».

Existe-t-il ailleurs pareille hypertrophie d'une sensibi- lité morbide, d'une personnalité fougueuse? C'est douteux. En tout cas. Barbey d'Aurevilly apparaît comme le type, amplifié jusqu'à l'excès, d»^ l'écrivain (jui n'est écrivain ni par gont, ni par profession, ni j»ai- ambition,