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Cime, qui doit déconcerter les molécules de nos argiles?... Aujourd'hui, nous n'avons qu'à écrire pieusement ici une date tumulaire. Plus tard, nous voulons dire un mot du génie que nous avons perdu. Il nous appartient comme tout ce qui a le respect et Tamonr des choses de la pensée. Mais il nous appartient d'une antre manière encore. 11 était catholique, apostohque et romain, — et c'était un royaliste. Les idées religieuses et politiques d'un homme sont les meilleurs moules de la force de son cerveau »

Le tableau est parfait. Rien n'y manque de ce qui peut rendre plus saillante l'esthétique d'où il est sorti. Enthousiasme romantique et gravité foncière, assimila- tion du roman vrai à la poésie, expression des plus intimes préférences intellectuelles pour l'œuvre vécue, notation de l'influence des milieux sur le talent, hommage à la personna,lité vigoureuse de l'écrivain, profession de foi aristocratique et catholique, explication de la force mentale par la force des « idées religieuses et politi- ques », — tels sont les principaux traits qui caractérisent cette page de critique, tels sont aussi les principaux articles de la doctrine esthétique de Barbey d'AureHlly.

On en découvre également les lignes essentielles dans sa correspondance. Voici deux lettres de Barbey d'Aurevilly octogénaire : aussi bien -que dans les écrits de son jeune âge ou de son âge mûr, s'y manifeste la double ten- dance, — romantique de forme et réaliste de fond. — qu'a toujours affectionnée et préconisée l'auteur de la Bac/ue d'Annibal. « Mon cher Armand. — mande-t-il. le 2G février ISSC, à son ami M. Royer. le \ioloniste à l'archet enchanteur, — je vous écris en toute hâte, comme j'irais vous embrasser si j'étais à Valognes. Hier, M"*^ Read a dû vous écrire sur la mort de votre mère et