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tout, les images s'y succèdent, s'y entrecroisent et s'y heurtent avec tant de force, jusqu'à l'idée finale où elles tendent, qu'on devient prisonnier de leur séduction et qu'on ne saurait, sans effort, se dérober à leur attrait.
Cette puissance des images se révèle, plus éclatante encore, dans une pièce de vers due à la maturité peu féconde du poète : le Cid :
Un soir, dans la Sierra, passait Campéador.
Sur sa cuirasse d'or le soleil mirait Por
Des derniers flamboiements d'une soirée ardente.
Et doublait du héros la splendeur flamboyante!
Il n'élait qu'or partout, du cimier aux talons.
L'or des cuissards froissait l'or des caparaçons.
Des rubis grenadins faisaient feu sur son casque,
Mais ses yeux en faisaient plus encor sous son masque...
Superbe, et de loisir, il allait sans pareil,
Et n'ayant rien à battre, il battait le Soleil...
Or, comme il passait là, magnifique et puissant.
Et calme, et grave, et lent, le radieux passant
Entendit dans le creux d'un ravin solitaire
Une voix qui semblait, triste, sortir de terre !
Et c'était, étendu sur le sol, un lépreux.
Une immondice humaine, un monstre, un être affreux,
Dont l'aspect fit lever tout droit dans la poussière
Les deux pieds du cheval se dressant en arrière...
Immobile il restait, le grand Campéador...
Mais il fixa longtemps le lépreux, — puis soudain
Il arracha son gant et lui donna sa main (1).
De pareils vers justifient ou du moins expliquent la doctrine poétique à laquelle s'était rallié Barbey d'Aure- villy. « Il m'est agréable, — écrivait-il à Trebutien le 22 janvier 1851, — de conserver des bouts rimes, qui sont
(1) Poussières (éd. Lemerre, 1897), p. 9, 10. et H.
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