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plus honmio. i)liis rouscioiil do sa l'orco, i)liis iiiaîli'o (\o ses moyens de parole el (roxprcssion.

11 roslail encore à d'Aurevilly une dernière étape à parcourir pour que son style prît sa forme définitive. 11 lavait d'abord martelé sur l'enclume brûlante du roman- tisme; puis il l'avait assoupli aux manières de l'aristo- cratie : enlin il l'avait élevé somptueusomcMil à hi hauteur du dog-me catholique. 11 l'avait forg-é sans merci selon les exigences de sa propre nature et l'avait adapté aux besoins de son tempérament. Du jour où l'auteur du Dandysme redevint tout à fait normand, il voulut que sa langue se pliât docilement à l'expression de ses sentiments nouveaux, au service de sa « vocation normande >y. Sans délai, il se mit à l'œuvre dans la seconde partie de la Vieille Maîtresse, où les poisson- niers de la cote parlent le patois du pays.

Ainsi s'était accomplie l'évolution de la pensée de Barbey d'Aurevilly; ainsi se déroula la genèse de son style. Entre sa pensée et son style, point do séparation, ni de '< cloison étanche >/ ; leur développement est paral- lèle et concomitant; mieux encore, leur formation est d'essence identique. On n'en peut disjoindre les éléments que par une pure abstraction de l'esprit qu'en fait la réalité rejette et annule. La pensée enti'aine son verbe avec elle; et leur union est si grande, leur action réciproque si puissante, que c'est parfois le verbe qui entraîne la pensée. L'un et l'autre sont si bien incorporés et fondus en une même synthèse, que c'est tantôt l'idée qui commande son expression et tantôt l'image qui appelle l'idée.

Ce n'est que par des exemples concrets (ju'on peut mettre en relief et faire toucher du doigt ces hautes