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il réoollora. Il a uiu> foi l'obuslc el poôliquoiiioiil priiiiilivo ou la ProvidiMico qui ivnMiipousora ses efforts. Dans cet espoir assuré d'une revauclu^ l'uiiirc^ el peut rUv pro- chaine, il peiue sans cesse, avec ardeur v[ obsliiialioii. Sa voloulé maîtrise tous les ol)stacles ; elle ne connaît pas ranéantissenient.

Mais c'est surtout lorsqu'il s'agit de la possession du sol que d'Aurevilly se révèle foncièrement Normand. Sans doute, il n'a pas à lui un seul arpent do terre. Qu'importe? 11 t\st bien plus riche. Sa propriété n'est pas limitée par le champ du voisin; elle s'étend jusqu'aux contins de la province. Ce domaine mystérieux, personne ne saurait le lui ravir. Il y est enraciné, comme en un bien de famille. 11 l'a par droit d'héritage; il l'a aussi par droit de conquête. Si même, du fait de ses aïeux, il no pouvait on revendiquer aucune parcelle, il y prétendrait, par privilège spécial, on vertu, considération et récom- pense de son altachemenl personnel et des trésors que sa virilité laborieuse y a accumulés.

Sur ce point, il se sépare résolument dos romantiques. Les romantiques de la seconde génération, les Vigny, les Hugo, les Musset, les Théophile Gautier et les Sainte-Beuve, n'ont pas eu do pays à eux. Ils n'ont pas eu un coin do terre, sous le ciel de France, où jeter leurs racines. Ils ont été cosmopolites. Le cosmopolitisme, inventé par Jean-Jacques Rousseau et Bernaidin do Saint-Pierre, l'ivresse dos voyages insufflée à l'espiit français par le Juif errant des mers exotiques que fut l'historien de Paul et Virtjiuie et par le maladif liené, le besoin de changer d'air et do so saturer d'atmosphères inconnues, la brise d'Amérique importée en Europe, les iiid'urs d'outre-Hhin et d'oulre-Manche implantées dans le sol gaulois, — voilà les sources de notre romantisme