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présent. L'hérédité niystérieuse qui rattache au passé est complctemeiU satisfaite par son retour au tombeau de ses pères. Il va revivre la vie d'autrefois dans la comiiiuniou sacrée de ses cliers morts. Il réveillera sa province du sommeil léthargique où elle s'était engourdie et la fera surgir au premier plan parmi les anciennes petites patries que la Révolution a nivelées. Son œuvre d'aristocrate s'achève ainsi, et son œuvre de catholique également, car c'est la Normandie conservatrice de toutes les traditions qu'il veut exhumer. Par là, il sera plus grand et plus puissant lui-même, croit-il, de toute la grandeur et de toute la force qu'il puisera au cœur de son pays, sous des cieux inspirateurs d'énergie mâle, dans l'exemple fécond de ses aïeux. Les leçons ances- trales le fortifieront. Il accroîtra son patrimoine des réserves d'esprit et d'âme faites par les obscurs ascen- dants de sa race. Bref, il sera Normand, « du faîte à la base ».

En 1849, tandis qn'Cbte Vieille Maîtresse attend l'édi- teur qui ne s'empresse pas de venir, d'Aurevilly précise encore son programme. Dans une lettre à Trebutien, datée de décembre 1849, il circonscrit le domaine de ses études futures et délimite les espaces où son imagination se donnera libre carrière. Il ne tergiverse pas, il ne tâtonne pas. Tout droit il va au but, et, comme d'un coup d'aile de son âme ardente, il s'élance vers les sommets. 11 sera le poète de la Chouannerie normande ; là, il pourra satisfaire ses triples tendances, réunies et con- fondues, d'aristocrate, de catholique et de Normand. Il sera plus que jamais et exclusivement l'homme du passé.

C'est dans cet esprit qu'il compose les superbes frag- ments d'épopée, qui s'appellent V Ensorcelée et le Cheva- lier Des Touches, — l'un, tout brûlant de passion aristo-