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C'est la pure doctrine c.ilholique qui a dicté à Barbey d'Aurevilly cette conception do Satan.

Je n'entends pas alfirmer par là qu'il n'y ait point d'atitre « satanisme » que celui des iJ/dho/iqucs. Seiûe- nient je nie refuse à souscrire aux assertions de M. Jules Lemaître, quand il dit : « Le vrai satanisme, c'est la négation de Satan aussi bien que de Dieu, c'est le doute, l'ironie, l'impossibilité de s'arrêter à une conception du monde, la persuasion intime et tranquille que le monde n'a point de sens, est foncièrement inutile et inintel- ligible... De ce satanisme-là, il y eu a plus dans telle page de Sainte-Beuve, de Mérimée ou de M. Renan, que dans ces ingénues Diaboliques y> (1).

Il n'est pas permis d'accumuler en moins de mots un plus grand nombre d'erreurs aussi flagrantes. On n'écrit pas, de gaieté de cœur, en se jouant, en s'étourdissant et comme en se grisant de ses propres fantaisies, tant de renversantes propositions et de paradoxes multico- lores. On ne fait pas de prestidigitation avec des questions aussi graves que celles qui sont soulevées ici. Dire que « le vrai satanisme, c'est la négation de Satan aussi bien que de Dieu », n'est-ce pas outrageusement dénaturer le sens réel des mots ? Littéralement, le « satanisme » ne saurait consister en autre chose qu'à reconnaître l'action de Satan dans le monde. De même que le « déisme » est la croyance en Dieu, et le « christianisme » la croyance au Christ, le « satanisme » ou « diabolisme » ne peut être, en son fond, que la croyance à Satan, au Diable. Ce ne serait que par une étrange perversion du sens usuel des vocables les plus simples qu'il deviendrait loisible de

(Ij Jules Lemaître, Revue bleue, du 2.^ juin 1887. — Conlemporains, 4" série.