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(jui rsl ;m t'oiul île la (Jt)i'lriiu"< ('aLlii)li(jmi >>. Ils appluiuoiil a la Irllrolo précopie du Christ: « Allez! onsoig-iiez toutes les nations ! » Ils professent une orthodoxie inilexiblo et déliniilent ri,u:oureusoinenl les frontières du dogme. Par là même, sans doute, ils se eroient autoi'isés à étendre la morale jns(pi";i desljornes fort l'eculéos et à lui laisser un champ d'aetion extrêmement vaste» où la liberté humaine puisse, eomme en son domaine propre, se mouvoir ti"ès à l'aise. C'est ainsi (pi'ils enserrent le monde dans les réseaux tout a fait t'lasti(iues d'une m(M"ale de convention. Ils enveloppent les hommes dans ce filet, aux mailles inég'ales et souples, qu'ils jettent sur l'uiiivers eiiliti-. aliii d'aiiuMier a soi, j)i'esque insensible- ment, les plus iiuiei)eii(lants et les moins chrétiens. Pour eux, le dogme est iiiimual)le et intangible; mais la morale comporte des variations, des « fléchissements » et des «accommodements » nécessaires, puisqu'elle n'est qu'une application de principes supérieurs et que toute applica- tion, étant chose relative, doit se modifier selon les temps et s'adapter aux dillerentes évolutions de l'histoire.

C'est évidemment pour celle double raison, — le dogme intlexible et la morale élargie, — que Barbey d'Aurevilly a honoré les Jésuites d'une prédilection si marquée. « La sagesse catholique, — écrit-il, — est plus vaste, plus franche et plus robuste que ne l'imaginent Messieurs les Moralistes de la Libre Pensée. Qu'ils demandent aux Jésuites, à ces étonnants politiques du comii- humain, qui entendaient si grandement la morale, qui la vctyaient de si haut, quand au contraire les Jansénistes la rapetis- saient et la voyaient de si bas. la rendaient si étroite, si bête et si dure! qu'ils inleriogent un de ces (^asuistes à Tespril de discernement et de .soulagement comme l'Kglise en a tant produit, surtout en Italie, et ils appren-