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et quoi «iii'il fasses un double remords après lui. Il sera fatalement (la fatalité, c'est la justice des événements) époux coupable, s'il reste amant ; amant lâche et mépri- sable, s'il se retranche dans sa nouvelle condition. L'auteur, dans U)ie Vieille Maîtresse, a donc posé, en droit, la revendication de la fidélité éternelle. N'est-ce pas là un grave et magnifique sujet, pris dans les hauteurs de la morale ?» (1)

Je crois que M. Dusolier a raison contre ceux qui ont accusé Barbey d'Aurevilly d'immoralité. Je crois même qu'il a un peu trop raison, car il dépasse le but à atteindre. Il s'agit simplement de prouver que le roman û'Une Vieille Maîtresse n'est pas un « musée d'hor- reurs » ni un spectacle à scandale, mais qu'il renferme une thèse « orthodoxe » et qu'il est tout pénétré d'humanité vraie. Et la preuve me semble victorieusement faite par l'auteur lui-même, quand ilditdansla préface de la seconde édition de son ouvrage, datée du 25 mars 1858 : « Malgré les qualités et les sublimités de la femme qu'il épouse, Marigny(le héros du livre) divorce, parle fait, en n'épou- sant pas sa vieille maîtresse. Son mariage est un crime envers cette femme de son adolescence, que les vieux livres de la sagesse Israélite défendent de jamais oublier et qui le tient sous le joug mystérieux d'une fidélité infrangible. La vieille maîtresse eût été sa vertu, s'il l'avait épousée, et en ne l'épousant pas il en fait son vice ! » (2).

Reste à savoir si cette thèse est franchement catho- lique. Ici, d'Aurevilly se montre très sévère pour sa

(1) Alcide Dusolier, /. Barbey d'Aurevilly, étude (Dentu, éditeur. 1862). - ^os yens de lettres (Dreyfous, éd., 1878), p. 140.

(2) Préface de la seconde édition iVlJne Vieille Maîtresse (1838'.

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