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EN RACONTANT

celui du second, et ainsi de suite jusqu’au dernier, chaque chien étant attelé et guidé indépendamment des autres.

Lorsque tous les cinq furent prêts, Gaumond me demanda de prendre place sur le cométique : ce que je fis. À un commandement donné d’une voix forte, en langue esquimaude, les chiens se placèrent en file, et un autre mot inintelligible pour moi les mit en course, allant bride abattue à travers les rochers, montant une côte à pic, en hurlant comme des loups, auxquels ils ressemblent. Les ayant arrêtés d’un autre mot sur le haut de la côte, il renversa le traîneau, afin qu’ils ne pussent pas partir avant un nouveau signal.

Après quelques instants de repos, et à un autre commandement donné encore en esquimau, les chiens reprirent leurs places. Gaumond me demanda de reprendre le traîneau, mais j’en avais assez d’avoir ainsi monté la côte, et l’idée de la descendre par le même mode de transport ne me souriait guère. Gaumond prit alors les rênes et partit, descendant à une vitesse à se casser le cou, son chapeau s’envolant, et ses cheveux flottant au vent. Je m’attendais à chaque instant à le voir rouler sur quelque rocher, mais il arriva sain et sauf à la maison, où les chiens furent remis en liberté.

Le fouet dont se servent les habitants du Labrador mesure de cinquante à soixante pieds de long,