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LES PÊCHEURS DU LABRADOR

Le capitaine John Smith, inspecteur des phares, qui était à bord avec sa femme, lui témoignèrent beaucoup de bonté, et se dépouillèrent de plusieurs morceaux de linge en leur faveur. M. Duhamel, qui montait à Québec, et dont les malles contenaient une certaine quantité de vêtements de sa famille, lui fit aussi une généreuse distribution d’articles utiles à madame Jones et à ses enfants.

J’étendis sur le plancher de la cabine une grande couverte de camp, et je priai les officiers et l’équipage du steamer de me donner ou de me vendre tous les effets de ménage dont ils pouvaient disposer. Au bout de quelques instants, on voyait entassés pêle-mêle, des bottes, des bas, des blouses, des chemises de flanelle, des pantalons, des mitaines, des casques, etc., dont le tout forma un gros paquet.

J’y ajoutai de la poudre, du plomb, des capsules, des pipes, du tabac, des allumettes, et un peu de thé et de sucre pour la pauvre mère malade ; tout cela fut attaché ensemble et transporté sur le pont. J’y montai aussi moi-même, et je sus que Jones, tel que je l’avais d’ailleurs ordonné, avait été conduit au mess des officiers, où l’attendait un déjeuner de jambon et d’œufs, servi avec des pommes de terre chaudes et fumantes, et une bonne tasse de café.

Je l’engageai à bien manger. « Tout ce que vous m’avez servi est excellent, monsieur, mais quand je pense qu’ils n’ont rien à la maison pour déjeuner,