Page:Gregory - En racontant, 1886.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
LES PÊCHEURS DU LABRADOR

sa baie, et qu’il me ferait connaître la manière de prendre les loups-marins.

Tout en marchant, nous passâmes tout près d’un lopin de terre qui avait été autrefois soigneusement enclos : c’était le cimetière de la famille, contenant trois ou quatre jolies pierres tumulaires en marbre, dont chacune indiquait le dernier endroit de repos d’un des membres de la famille, décédés dans des jours meilleurs.

« Je craignais beaucoup », dit-il, en parlant de ceux que la mort avait ainsi couchés là, « que plusieurs autres tombes ne fussent ajoutées à celles-ci l’hiver dernier. Il pourra bien s’en trouver d’autres le printemps prochain, mais celles-là n’auront pas de pierres tumulaires. »

D’un plateau que nous venions d’atteindre. Il me montra sa baie, qui avait la forme d’un fer à cheval, où la pêche aux loups-marins était naguère si abondante. Il me raconta que le printemps dernier, de l’éminence où nous étions maintenant, pendant que sa famille se mourait de faim, des milliers de loups-marins couraient sur la glace, mais étaient trop éloignés pour tenter sans danger d’en faire la chasse. Le vent pouvait changer d’un moment à l’autre ou la glace se fendre, et il aurait été inévitablement entraîné à la mer.

De ce que j’appris, j’en conclus que les loups-marins, lorsqu’ils sont très gras et dans les meil-