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EN RACONTANT

Le propriétaire prit le devant pour attacher un chien-loup que la faim rendait presque furieux, et dont les grognements significatifs auraient modéré la hardiesse de plus d’un brave : il était en effet dangereux pour les étrangers.

Nous pénétrâmes ensuite dans cette maison par la porte de derrière, dans un appartement qui avait servi de cuisine. Le plancher avait été en partie arraché. Comme je prêtais quelque attention à ce fait, Jones s’arrêta et me dit que le printemps dernier, alors qu’il faisait encore froid, il s’était installé dans cette maison, afin de se tenir prêt pour la pêche, mais le manque de nourriture l’avait réduit à un tel état de faiblesse, qu’il lui avait été impossible d’aller chercher du bois de chauffage, et qu’il avait enlevé une partie du plancher pour empêcher sa famille de périr de froid. Les cloisons étaient peintes en imitation de chêne.

Continuant à avancer, nous arrivâmes à la salle de devant, de chaque côté de laquelle on voyait des chambres à travers les portes ouvertes. Les planchers étaient peints en carrés de différentes couleurs. Quelques lambeaux de papier-tenture français adhéraient encore aux murs du salon et des principales chambres. Ce papier, représentant des scènes de chasse de grandeur presque naturelle, devait être autrefois d’une grande valeur. Quant au reste, toutes ces chambres étaient dans un dénue-