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UNE BALEINE

forma une procession pour se rendre jusqu’à l’anse ; mais chaque pas qu’ils faisaient en avant remplissait leurs narines d’une odeur tellement infecte, qu’ils pouvaient à peine respirer. À la fin, ils s’arrêtèrent tous ensemble ne pouvant évidemment supporter cette odeur davantage. Plusieurs des jeunes gens, moins délicats que les autres, approchèrent du monstre, et en firent des récits tellement fabuleux, que les femmes, que l’on a toujours accusées, à tort sans doute, d’être fort curieuses, exprimèrent leurs vifs regrets de ne pouvoir elles aussi le voir de près.

L’une d’entre elles, coiffée d’un grand chapeau de paille tressée, portant ombrelle et lunettes, et dont l’âge et l’embonpoint semblaient désigner comme étant la chaperonne, se tourna vers ses campagnes et leur dit qu’elle savait bien comment s’y prendre pour surmonter cette difficulté. « Suivez-moi » ajouta-t-elle. Toutes la suivirent dans la direction d’un champ où elles se mirent activement à ramasser des herbes. La procession se forma de nouveau, avec la vieille dame en tête, et elles s’avancèrent en riant, bien décidées à surmonter tous les obstacles. Lorsqu’elles furent assez près, on s’aperçut que chaque femme avait un paquet de menthe sauvage sous le nez, s’amusant beaucoup du succès de l’idée de la vieille de pouvoir contempler la baleine en respirant l’odeur de la menthe !