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EN RACONTANT

d’attirer sur la ville quelque épidémie, en empoisonnant l’atmosphère avec cette baleine. « Les fièvres typhoïdes ou le choléra, monsieur, vont, bien sûr, éclater dans la ville avant vingt-quatre heures, me dit-il, si vous ne nous débarrassez pas de suite de cette baleine ; il faut qu’elle soit enlevée immédiatement. »

Je fis tous mes efforts pour l’engager à se désister de cette fâcheuse résolution ; j’employai tous les arguments que mon éloquence pouvait me fournir pour l’amener à considérer cette affaire à un point de vue plus favorable : tout fut inutile. Il devait voir à ce que cette baleine fût à l’instant éloignée de l’enceinte de la ville, et certainement qu’elle le serait.

Vous pouvez vous figurer quel froid ceci jeta sur mon enthousiasme. Je me fâchai d’abord, puis m’apaisai, et enfin, devenant plus accommodant, je dis au docteur qu’il pouvait se charger de la baleine, et d’en faire ce qu’il voudrait.

« Nenni ! monsieur, se hâta-t-il de répondre d’un ton irrité, je ne veux rien avoir à faire avec cet animal ; il faut que vous voyez vous-même à ce qu’il soit éloigné. »

Enfin, nous convînmes tous deux d’aller examiner la baleine, et de voir s’il n’était pas possible de la garder encore une couple de jours, sans danger pour la santé publique.