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EN RACONTANT

je ne voulais pas vendre, ils proposèrent de former une compagnie à fonds social et de prendre des actions. Je n’acceptai aucune de ces propositions, et je décidai que le capitaine et moi-même seraient les seuls membres de la société.

Chacun émettait son idée. Un gaillard déjà vieux et à la figure effilée, proposa de la laisser voir à tant par tête. Ceci me frappa comme étant une idée pratique, et je lui laissai mettre son projet à exécution, recevant avec satisfaction l’argent qu’il déposait fréquemment sur ma table.

Durant toute la journée, je fus assiégé de personnes qui me demandaient de leur raconter l’histoire de cette capture. Dans le nombre, il se présenta un individu qui, tout excité, réclamait la baleine, disant qu’il l’avait harponnée à quelques deux cents milles en bas du fleuve plusieurs jours avant sa découverte par le capitaine, et il me menaça de toutes les rigueurs de la loi, si je ne la lui abandonnais pas à l’instant même. Comme preuve de sa prétention, il assurait qu’on trouverait certainement des marques sur le corps de la baleine. Je la fis examiner minutieusement, et comme aucune marque quelconque ne put être constatée, je ne voulus pas accéder à sa demande. J’avais promis au capitaine de soigner ses intérêts, et je voulais tenir ma parole.