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EN RACONTANT

l’occasion de me procurer des spécimens de poissons et d’oiseaux chaque fois que j’ai pu le faire. Ma position d’officier du ministère de la marine et des pêcheries m’a permis de faire des collections utiles à mon pays, et surtout aux amateurs d’histoire naturelle. Mais plus d’une fois aussi, il s’est présenté des circonstances de nature à me créer des embarras sérieux et à mettre ma patience à l’épreuve. Le fait suivant, que je vais raconter, en est un exemple frappant.

Cette histoire, tout étonnante, tout invraisemblable qu’elle paraisse, n’en est pas moins vraie dans chacun de ses détails. Elle est à la fois comique et tragique, et la part que j’y pris, dans le temps, me causa beaucoup d’ennuis et de contrariétés ; cependant je finis par en prendre mon parti, et par en rire plutôt que d’en être vexé.

Plusieurs d’entre mes lecteurs se rappellent sans doute, (il y a de cela environ quatorze ans), l’arrivée d’une baleine énorme, dans le port de Québec, qui fut même hissée sur le plan-incliné du quai de la Reine, au grand plaisir de milliers de spectateurs ; mais tous ne savent peut-être pas ce qu’est devenu, en définitive ce géant de la mer, et les déboires qu’il m’a apportés.

Les notes que j’ai prises dans le temps de cet événement me permettent aujourd’hui d’en refaire le récit.