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LES PÊCHEURS DU LABRADOR

mettait de recevoir convenablement les hôtes qui se présentaient ; que M. Noël Bowen, de Québec, y avait passé ses vacances, et que le Dr. Fortin, lorsqu’il était commandant de La Canadienne, avait pris, en compagnie d’autres touristes, plus d’un dîner chez lui.

« J’étais heureux de les recevoir alors, ajouta-t-il, et chacun était le bienvenu chez moi, mais aujourd’hui, monsieur, tout cela est terriblement, terriblement changé. »

Je l’amenai graduellement à me parler de ses projets futurs, et j’avoue qu’ils étaient loin d’être encourageants. Je lui demandai s’il n’aimerait pas à quitter la côte avec sa famille pour d’autres lieux, où les moyens de gagner sa vie n’étaient pas si précaires.

« Je suis né sur la côte, répondit-il, je ne l’ai jamais quittée et je ne pourrais le faire maintenant, quand bien même j’en aurais la volonté, attendu que je suis impropre à toute autre occupation que celle de pêcheur, et que je possède le meilleur poste de pêche aux loups-marins des environs. Autrefois, mon père passait pour un homme riche ; il faisait un profit de $6,000 à $8,000 par année avec la pêche aux loups-marins ; mais des procès ruineux, et l’insuffisance de la pêche, m’ont réduit à la condition où vous me voyez. »

Des vents d’ouest continuels avaient bouché la