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EN RACONTANT

pommes de terre destinées aux semences furent placées en lieu sûr, à l’abri de la gelée.

Le rendement d’un baril de pommes de terre est d’environ quarante barils.

Le printemps suivant, chacun défricha un lopin de terre qu’il ensemença, et deux ans plus tard, les pommes de terre étaient en telle quantité sur l’île, qu’il en fut exporté une charge de goëlette sur notre marché.

Aujourd’hui, on en fait d’abondantes récoltes sur tous les points de l’île.

Le sol est bon, et lorsqu’il est épuisé, le varech, que l’on a sous la main, fournit le meilleur engrais du monde.

Lorsque des naufrages eurent lieu l’automne suivant (1880), on savait bien qu’il était facile de se procurer jusqu’à 500 minots de patates dans l’île. Nos postes d’approvisionnements contenaient de la farine, du lard et des pois ; plusieurs têtes de beau bétail paissaient dans la baie Ellis ; des cochons gras, provenant de la race importée par le colonel Rhodes, étaient gardés à la baie des Anglais ; il y avait des logements pour tous, du bois de chauffage et de l’eau fraîche, — et cette île d’Anticosti tant redoutée, où la faim et la mort attendaient les naufragés, pouvait maintenant fournir une nourriture abondante, et des logements plus chauds que