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LES PÊCHEURS DU LABRADOR

rons venaient échanger les produits de leur pêche contre des provisions de bouche, des étoffes et autres nécessités de la vie. Je m’informai d’abord de cette famille Jones, dont on m’avait mentionné le cas particulier. On me dit qu’elle demeurait à la baie de Bradore, à huit ou neuf milles plus loin mais comme il m’était impossible de m’y rendre par bateau, à cause de la grosse mer qu’il faisait, je pensai qu’il me serait facile d’y arriver par terre, avec l’aide d’un guide qui m’y conduirait à travers les montagnes.

M. Duhamel, naguère gardien du phare de la Pointe Est de l’Anticosti, qui devait remonter à Québec en même temps que moi, s’offrit à m’accompagner. Nous nous habillâmes chaudement, sans trop cependant nous surcharger, et, chaussés de bottes légères de loup-marin et nos poches bourrées de biscuits, nous nous mîmes en route, un pêcheur, autrefois de St. Malo, battant la marche.

Il faisait froid mais beau, et comme les rochers étaient couverts d’une mousse tendre, nous allions passablement vite. Notre guide, qui aimait à causer, contribua beaucoup à diminuer les ennuis de la route, en me décrivant les lieux d’intérêt que nous traversions.

Comme nous n’avions plus que cinq milles à parcourir, nous vîmes venir au-devant de nous un