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EN FLORIDE

les étouffe pas ; on les expédie en grand nombre à Cuba ou aux îles des Indes Occidentales. Impossible de se procurer du lait d’aucun des colons, vu que les animaux dont je viens de parler n’en donnent qu’à l’époque où ils ont leurs petits, qui s’en nourrissent et prennent tout, et à peine en ont-ils assez. Les cochons pullulent et ils ont des défenses de six à huit pouces de long. Quelques-uns, c’est le plus grand nombre, sont tellement sauvages qu’ils ressemblent aux sangliers de l’Europe. Ils forment un mets recherché des alligators, qui ne se font aucun scrupule d’en dévorer un grand nombre.

Ces « voleurs pouilleux, » (thieving varmints) noms que les natifs donnent aux caïmans, se glissent sans bruit sur le bord des rivières ou des marais (où il y a assez d’eau pour les couvrir) ; là, ils s’étendent de tout leur long, sommeillent paresseusement sous les rayons du soleil, mais ayant un œil au guet. Ils attendent dans cette position jusqu’à ce qu’un cochon, un veau ou un chien, poussé par la curiosité, vienne sottement tout près d’eux. Tout à coup, l’animal, qui se défie de rien, se voit lancé entre les mâchoires ouvertes du caïman, qui a fait l’opération d’un coup de sa longue queue et d’un détour subit de sa grosse tête. De cette manière, il est sûr de saisir sa proie sinon par le corps, au moins