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EN RACONTANT

bre, et les entre-ponts étaient remplis de journaliers nègres, allant travailler à la construction d’un nouveau chemin de fer. Quelques-uns avaient fait demi-tour à gauche sans dire bonjour, et s’étaient esquivés au premier ou aux autres débarcadères, surtout ceux qui avaient reçu une piastre ou deux en à-compte sur leur salaire futur. Notre bateau n’étant pas un grand marcheur, nous eûmes tout le loisir nécessaire pour admirer la nature et ses beautés.

Le 14, à 9 heures du matin, nous étions au lac George. La température, à cette heure-là, était à 72 degrés ; une brise rafraîchissante soufflait agréablement du sud-ouest, et nous avions le cap au sud franc. Nous vîmes, des deux côtés du lac, des bosquets d’orangers.

Après avoir dépassé le lac George, nous entrâmes dans la partie étroite de la rivière, où les flancs du bateau rasaient ses rives. Sur des billots ou sur des troncs d’arbres morts, on apercevait, au nombre de trois ou quatre à la fois, de grosses tortues appelées ici cooters. À notre approche, elles se laissaient glisser dans l’eau. C’est ici que nous vîmes notre premier alligator ou caïman, mesurant à peu près 10 pieds de long et se chauffant paresseusement au soleil. Nous en avons compté 17 en remontant la rivière, et nous rencontrâmes aussi un grand nombre de beaux canards huppés (ca-