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EN RACONTANT

lard, d’une tasse de café arrosé d’un peu de sirop, et, quelquefois, de poisson qu’ils se procurent facilement.

Après le repas du soir commencent les ébats joyeux. Le banjo, les violons et les guitares se font entendre de tous côtés. On joue une gigue, et voilà nos nègres qui ouvrent la danse. Ils commencent par battre la mesure avec leurs pieds, — ah ! quels pieds ! il faut voir cela, — puis, la célérité de leurs mouvements devient bientôt incontrôlable. Alors un sourire béat se répand sur la figure de Sambo, sa bouche s’élargit, ses lèvres se contorsionnent, il jette sa blouse par terre, pousse des cris de joie, hurle, saute, et, fasciné par le musique, il bat la savate jusqu’à ce qu’il écrase d’épuisement.

Comme règle générale, plus noir est le nègre, meilleur et plus fiable est-il considéré. Les nègres jaunâtres ont la réputation d’être paresseux et suffisants.

Le 10 de janvier, grâce à la courtoisie du Dr Keyworthy nous fûmes invités par le capitaine Hains à aller faire une promenade sur le chemin dit Savannah, Florida and Western Railway, jusqu’à un endroit appelé Convict Camp, le camp des criminels, ou le bagne de l’État, à 36 milles de Jacksonville. Notre intention était de faire la chasse aux cailles, espèce de perdrix que l’on nous avait dit se trouver en abondance dans cette localité.