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PRÉFACE.

Quand il devient difficile d’oser penser soi-même, on peut encore traduire. Indépendamment de l’élégie de Gray, le meilleur ouvrage que nous ayons en ce genre, au moins dans les langues modernes, quelques autres pièces de ce poète sont dignes d’une version élégante et soignée. Par exemple, son Hymne à l’Adversité, ses deux Odes pindariques, l’une sur les progrès de la poésie, l’autre intitulée le Barde ; mais plus encore, à mon avis, son Ode charmante sur le collège d’Eton. L’Ode plus fameuse que Dryden a composée sur la Musique ; l’Emma de Prior, l’Hermite de Parnell, l’Épître d’Adisson sur l’Italie, une douzaine de fables de Gay, deux petits poëmes de Goldsmith, le Voyageur et le Village abandonné, mériteraient aussi d’exercer parmi nous des versificateurs habiles. Les littératures ne sont jamais en guerre. Il peut exister des querelles politiques entre les divers gouvernements ; le vœu philanthropique de Sully, de l’abbé de Saint-Pierre et de J.-J. Rousseau peut n’être encore que le rêve des hommes de bien : mais il existe pour le génie un traité de paix perpétuelle qui doit être religieusement observé.