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iv
PRÉFACE.

à mettre à profit l’opinion des connaisseurs, et même ce que pourront offrir de judicieux les critiques amères des censeurs de profession.

Voltaire, à son retour de Londres, où l’avaient contraint à se réfugier les premières persécutions qu’il eut essuyées en France, fit connaître à sa patrie la philosophie et la littérature des Anglais. Il puisa dans leurs poètes des beautés fortes qu’il sut encore embellir. Durant les dernières années de ce grand-homme, aujourd’hui si ridiculement harcelé, M. Ducis a mérité des succès mémorables, en transportant sur la scène française les créations vigoureuses du poète tragique de l’Angleterre. Plus récemment, dans la traduction du Paradis perdu, ouvrage tantôt sublime et tantôt bizarre d’un génie non moins étonnant que Shakespeare, on a souvent retrouvé tout le talent de M. Delille : on le cherchait dans l’Homme des champs et dans le poëme de la Pitié.

Le même M. Delille a traduit autrefois, avec beaucoup de bonheur, la belle Epître de Pope au docteur Arbuthnot. Un autre chef-d’œuvre de Pope, l’Héroide d’Héloïse, avait déjà fondé la réputation de M. Colardeau. M. Boisjolin mérite d’être cité après ces talents célèbres ; et sa traduction de la Forêt de Windsor est un des morceaux les plus purs qui aient paru depuis long-temps.