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Ils vivaient chichement, mais s’en contentaient. Lui, venait, depuis quelque temps, déjà, au journal deux ou trois fois par semaine, m’aidant à la besogne sans rechigner, faisant les courses, la correspondance ou allant à la Bibliothèque Nationale pour y copier tous les passages d’auteurs que l’on me signalait pour le supplément.

Il était un de ces exemples de notre mauvaise organisation sociale. Au sens courant, Ritz était un paresseux. Et, pourtant, il restait toute la journée au bureau, copiant des adresses, ou tout autre travail assommant, sans aucune rémunération.

Il mourut de bonne heure. En lui, je perdis un bon camarade et un bon collaborateur.

J’avais découpé dans l’Endehors, de Zo d’Axa, un article intitulé « Le Néophyte Cacolet », dirigé contre l’« estampage », dont la doctrine battait son plein déjà, et que j’envoyai pour le Supplément.

P. Reclus, sans m’avertir, inséra un article où, sans approuver l’« estampage », on ne le désapprouvait pas. On n’avait jamais entendu le préconiser chez les anarchistes ! Et que de circonlocutions pour désapprouver l’« estampage » sans le désapprouver, et ne pas faire trop de peine aux « estampeurs ». Un peu plus, on aurait affirmé que le coupable ce n’était pas l’« estampeur », mais l’« estampé ».

L’auteur était un de ces grands cœurs qui prétendent que tout comprendre c’est tout pardonner. Mais dans un mouvement d’idées, ces hommes-là peuvent être aussi dangereux que des malintentionnés. Je m’empressai donc de lui répondre dans le journal. Ce qui nous valut une lettre d’Élisée Reclus qui, à ce point de vue, était tout aussi dans l’erreur que lui.

Baillet m’avait écrit qu’il viendrait me voir, amenant son ami Darzens.

Darzens était un garçon bon vivant, bohème. Il avait publié deux ou trois romans intéressants. Je ne sais plus de quoi nous causâmes, mais il en tira un article pour l’Événement.