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Devertus, un vaniteux prétentieux, qui y représentant l’élément anarchiste, ne manquait jamais une occasion de se faire quelque compliment.

Ce fut dans cette même période que se fit connaître un jeune télégraphiste, Jahn, en organisant une grève parmi ses camarades. Il pouvait avoir, je crois, une quinzaine d’années à l’époque.

Il se mêla, par la suite, au mouvement anarchiste, fut condamné en France, en Belgique, arrêté en Espagne, il eut une vie très mouvementée. Puis il disparut de la circulation.

À son procès en Belgique, faisant l’apologie du vol, — il était poursuivi pour délit de parole — il affirma que le produit du vol de Duval avait servi à alimenter la propagande du Révolté.

C’était, je suppose, ce que l’on faisait courir dans les groupes, à moins qu’il ne l’ait pris sous son bonnet. Comme on a pu le voir dans le chapitre précédent, c’était une erreur profonde. Ni le Révolté ni la Révolte n’avaient touché un sou du vol de Duval ni d’aucun autre vol pratiqué, au nom des idées, sous le nom de « reprise », Pour une bonne raison d’abord, c’est qu’il ne nous fut jamais rien offert, Nous n’eûmes pas à refuser les présents d’Artaxercès.

Si, nous touchâmes une fois. Un camarade, mort à l’hôpital de Marseille, nous légua la somme de 40 francs qui fut annoncée aux souscriptions. Bien plus tard, un camarade de cette ville m’apprit que le donateur était un de ceux qui pratiquaient la « reprise ». Dans quelle mesure était-ce vrai ? En tout cas j’ignorais la provenance de l’argent lorsque je le reçus.

Et une autre fois j’eus à refuser le produit d’un vol, mais ce n’était pas d’un des professionnels du vol.

C’était peu de temps avant la bande Bonnet, Revenant de déjeuner, la concierge m’informa qu’on était venu demander Girard et que sur la réponse qu’il n’était pas encore là, l’individu lui avait dit qu’il reviendrait.

Je venais à peine de refermer la porte du bureau sur