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avec enthousiasme l’autorisation demandée de reproduire leurs œuvres. Il n’y en eut guère que deux ou trois pour la refuser. Dont un fut Harry Allis se retranchant derrière le motif qu’il faisait partie de la « Société des Gens de Lettres ».

Dès les débuts, par déférence pour les auteurs, j’avais cru bon de demander leur autorisation à ceux dont je me proposais de reproduire les écrits.

Un lecteur m’avait suggéré de publier entièrement Les Blasphèmes et La Chanson des Gueux, de Richepin, Par la « petite correspondance », je lui répondis que nous n’avions pas le droit de reproduire des volumes entiers. Quelques jours après, je recevais les deux volumes, avec la lettre suivante, où, en tête, Richepin avait collé le passage de la petite correspondance en question :

11 avril 91.
Monsieur,

Je vous autorise, pour ma part, à reproduire, sans payer aucuns droits, tout ce que vous voudrez de mes œuvres, absolument. Je me trouverai assez rétribué par la joie d’avoir pu faire plaisir à des amis inconnus. Si toutefois il vous est désagréable de recevoir sans rien donner en échange, considérez que vous me servez gratuitement le journal, ajoutez à ce service l’envoi d’une collection complète de la Révolte, et nous voilà quittes ! Pour la forme, du moins ; car je resterai toujours, et de beaucoup, votre débiteur, à vous qui me répandez dans le public le plus vivant, le seul où les idées semées fleurissent en actes.

Jean Richepin,
6, rue Galvani (Ternes).

Il va sans dire que je ne perdis aucun temps pour porter à Richepin la collection demandée. Trop heureux de voir qu’il y avait quelqu’un qui savait nous apprécier.

Dans une autre lettre, il m’écrivit que, « dans son traité avec Gil Blas, il avait stipulé que la mention : « reproduction interdite », ne concernait pas la Révolte.

Et mon dossier contient nombre de lettres tout aussi approbatives, même émanant d’auteurs appartenant à la Société des Gens de Lettres.