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Quelque temps après l’apparition de la Révolte, Rochefort vint ajouter à nos difficultés.

Pour mener son opposition au gouvernement, ou, pour le simple plaisir de faire un « mot », le pamphlétaire n’y regardait pas de trop près. S’il dénaturait la vérité, ou calomniait quelqu’un qui n’avait rien à voir dans la question, cela n’avait, pour lui, aucune importance.

Sa fonction était de « faire de l’esprit », de chatouiller ses lecteurs. Tant pis pour ceux qu’il égratignait ou calomniait, si ça lui était utile pour sa démonstration ou pour « faire » son mot.

Lorsqu’il s’agissait des anarchistes, j’avais relevé ses âneries. Malheureusement, comme vendeur, nous avions celui de l’Intransigeant qui, un beau jour, nous signifia qu’il avait ordre de Vaughan de cesser la vente de la Révolte.

Dans le numéro suivant, j’enregistrai le fait sous le titre : « Vengeance d’un marchand de papier ! »

Nous n’en étions pas moins sans vendeur.

Vers 1888, une violente campagne fut menée contre les bureaux de placement. Elle dura longtemps ; mais ceux qui l’avaient entreprise étaient énergiques et résolus, et surent y mettre de l’esprit de suite. Il y eut des bombes placées dans quelques-uns de ces offices d’exploitation. À la vérité, elles firent plus de bruit que de mal, mais elles jetèrent la terreur. Un de ceux qui se distinguèrent le plus dans cette campagne fut un nommé Souday qui disparut peu après du mouvement.

Ensuite, ce fut l’affaire dite de « La Mano Negra », en Espagne.

Des émeutes agricoles avaient eu lieu dans la région de Xérès. Le gouvernement espagnol, qui n’a jamais hésité à s’asseoir sur la légalité, la justice — et « autres balançoires » — attribua ces révoltes aux agissements d’une soi-disant société secrète, « La Main Noire ». Il fit arrêter quantité de camarades que, selon l’habitude, en ce pays d’inquisition, on tortura pour leur arracher des aveux, et condamner ensuite contre toute évidence.

Quatre anarchistes : Busigni, Zarzuela, Lamela et Lebri-