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De longues années après, il parvint à s’échapper du bagne.

Plus tard, Ritzerfeld, un autre camarade du groupe de Levallois-Perret, qui venait de temps à autre me donner un coup de main à la besogne du journal, arriva un jour, avec un de ses amis. Ils étaient porteurs de divers objets qu’ils venaient de retirer du « clou ».

Lorsque nous fûmes seuls, Ritzerfeld me confia que lesdits objets provenaient du cambriolage de chez Madeleine Lemaire. Son ami, plus ou moins mêlé à l’affaire, en avait eu la garde.

Ce même ami, toujours d’après Ritzerfeld, achetait, quelque temps après, une espèce de café bouibouis, à Montmartre. Avec le produit, je suppose, de la vente des objets que j’avais vus. Et voilà comment ce pauvre Duval ayant cru travailler pour la propagande, n’avait, en réalité, travaillé qu’à faire un bourgeois de plus. Car, inutile de le dire, l’individu en question, se désintéressa supérieurement de la propagande.

Lors de l’affaire Bonnot, Duval qui s’était réfugié en Amérique, m’écrivit pour me reprocher mon attitude au sujet de cette affaire, me rappelant que je n’avais pas hésité à le défendre, lui, autrefois.

Je lui répondis que, en effet, je n’avais pas hésité à le défendre, connaissant sa sincérité, mais qu’il avait donné un bien mauvais exemple, tous les ruffians ayant envahi le mouvement se réclamant de son cas pour justifier leurs appétits. Il oublia de me répondre.

Vers la même époque, ce fut la visite de Gallo que je reçus. Lui aussi, voulait frapper un coup. Mais, je ne sais pourquoi, il ne me parut pas sérieux.

Peu de temps après, cependant, je lus dans les journaux qu’on avait jeté dans la « corbeille » de la Bourse un flacon qui, en se brisant, dégagea une mauvaise odeur : pour l’auteur de l’acte ce devait être une bombe. En même temps, il avait tiré cinq coups de revolver dans le tas de boursicotiers qui se sauvèrent…… sans que personne fût atteint.