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monde, dégoûtés, cessant de fréquenter la salle Horel, laissèrent mouchards et détraqués maîtres de la place, où ils formulèrent les pires idioties sous couleur d’anarchie.

Ce fut de là que sortit la première bande de faux monnayeurs se réclamant de l’anarchie. Les premières pièces de 5 francs qu’ils écoulèrent furent pour payer leur entrée à une réunion organisée par les anarchistes. Inutile de dire qu’ils n’oublièrent pas de réclamer leur monnaie.

On pourra se demander pourquoi nous laissâmes ces gens accomplir leur œuvre de déviation, et pourquoi la partie saine et nous-mêmes du Révolté n’entreprîmes pas cette œuvre d’épuration.

Cela tient à diverses causes. La plus grande partie de ceux qui se ralliaient autour du Révolté étaient des camarades qui pensaient que c’était perdre son temps que d’aller dans lesdites parlotes. Et puis, il y avait ceux qui, très sincères, très bons camarades, prétendaient que, au nom de la liberté, chacun avait le droit de déraisonner si bon lui semblait, que nous n’avions pas à nous ériger en juges.

Pour mon compte, étant seul à faire le journal, à le composer, tant qu’il ne parut que tous les quinze jours, à revoir la copie, en fabriquer lorsqu’il en manquait, à suffire à la correspondance, écrire les bandes, faire l’expédition, sans compter nombre d’autres besognes, tout cela m’ôtait l’envie — et la possibilité — de courir les groupes, où, du reste, je n’aurais fait aucune bonne besogne, les meilleurs arguments ne me venant que lorsque la discussion était finie.

Au grief qui nous fut fait de ne jamais assister aux réunions, nous répondrons que ce fut un malheur que nous n’ayons jamais été en état de mener les deux propagandes de front : le journal et les réunions. Nous aurions pu éviter l’envahissement du mouvement par la tourbe individualiste.

Pour en finir avec le mouchard Martinet, il était parti, pour je ne sais quels motifs, à Genève, puis à Roubaix, où il sut s’infiltrer parmi les camarades, et les dominer par son toupet, cependant, le bonhomme avait une gueule qui suait le vice.

Continuellement, les camarades de Roubaix m’envoyaient