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III

DU PROCÈS DE LYON À GENÈVE


Le procès de Lyon avait eu lieu, Kropotkine, Bernard, Gautier, Bordat avaient été condamnés à cinq ans de prison, d’autres à des peines variant de quatre à six mois. Quelques-uns furent acquittés.

Pendant le procès l’attitude de Gautier fut celle d’un homme qui ne renie aucune de ses idées. Il se défendit remarquablement. Mais après le verdict, il fut brusquement séparé de ses camarades. Pendant qu’ils étaient expédiés à Clairvaux, lui, sans chercher à leur dire un mot, était transféré à Sainte-Pélagie, à Paris. Ce qui était une grande faveur, car, même ceux qui étaient condamnés à Paris étaient envoyés en province, si la condamnation dépassait un an.

Cela fut sans doute dû à l’intervention de son ami Goron, avec qui il publia, pendant sa détention, un roman en collaboration.

Quand je ramenai le Révolté à Paris, Crié me remit un article que j’insérai croyant qu’il était de lui. Il était intitulé ; « Préjugés Anarchistes, Violences de paroles ». Plus tard, Crié m’avoua que l’article en question — qui était parfaitement juste, du reste — était de Gautier.

Puisque nous sommes sur son sujet, voici une historiette que me raconta Kropotkine.

Au procès, Gautier avait prononcé un discours émouvant, vibrant d’émotion. Mais, au cours de son plaidoyer, il fut interrompu par l’avocat général, Fabreguette qui fut gratifié par la suite d’un fauteuil à la Cour de cassation. Gautier, nullement troublé par l’interruption, sembla, au