Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et plus souriant que jamais, il me reconduisit jusqu’à la porte de son cabinet. Mais, en me retournant, je le vis parler au téléphone, — ou, plutôt, au cornet acoustique — il n’était pas, je crois, encore question de téléphone, à l’époque. — « Bon ! pensai-je en moi-même, on va te mettre le grappin au débarcadère ». Et à chaque détour, le long des couloirs, je m’attendais à tomber sur quelque sbire qui me dirait que ce n’était pas la peine d’aller plus loin.

Je ne rencontrai que Vaillat, qui me dit que, fatigués d’attendre et me croyant « emballé », ils avaient décidé qu’il tenterait à son tour l’épreuve.

Je rejoignis Hémery et Crié au café, où nous avions rendez-vous. Vaillat revint presque aussitôt. Ce ne fut pas plus long avec les deux autres.

Mais je ne perdais toujours pas de vue mes brochures.

Après avoir attendu quelque temps, j’écrivis au procureur de Chalon pour lui dire que l’on me renvoyait à lui pour obtenir ce qui m’appartenait, et que j’entendais que cela me fût rendu.

Pas plus que M. Blancard des Salines, M. le procureur ne daigna me répondre.

J’eus donc encore recours aux bons offices de l’Intransigeant, du Citoyen, et de la Bataille. Quelques jours après, convocation chez le commissaire du quartier. Je finissais par en connaître le chemin.

Là, j’entendis lecture d’une communication m’informant que le procureur de Chalon avait « refilé » les objets qui m’avaient été volés à son collègue de Lyon. Qu’ils ne pouvaient m’être rendus tant que l’enquête dont j’étais l’objet ne serait pas terminée.

J’ai une vague idée que ce n’étaient pas exactement les termes de la communication, mais c’en est l’esprit. Quant à ma caisse, elle était en train de faire le tour de France.

Le procès de Lyon terminé, ayant assez d’esprit de suite, et sans me décourager, j’écrivis au procureur de Lyon pour réclamer ce qui m’appartenait.